Dernier événement du premier semestre 2021, mouvementé pour cause de crise du COVID, une nuit en hamac avait été proposée comme animation pour l’AEV (Agence des Espaces Verts d’Île-de-France). La situation sanitaire ayant conduit à l’annulation des manifestations chapeautées par l’agence, l’AINVO avait décidé de maintenir la sortie pour ses seuls membres… moyennant que le couvre-feu de 23h prenne fin suffisamment tôt. Suite à l’avancée du retour « à la normale », l’animation a finalement pu être maintenue in extremis.
Montage des hamacs
Mise en place du tarp au-dessus du hamac
Installation du camp de base
Ce sont donc 7 membres de l’AINVO qui se sont retrouvés le samedi 26 juin 2021 pour un nuit dans la forêt des Grands Avaux vers Champcueil. Après la mise en place du camp de base constitué de hamacs et de tarps de bivouac pour se protéger de la pluie menaçante, puis d’un pique-nique champêtre, la soirée s’est poursuivie par une séance d’observation et d’écoute vers une splendide mare de la platière sommitale (site Natura 2000). L’endroit est réputé fréquenté par le crapaud des joncs mais aucun individu n’a été vu ni entendu. Seul un minuscule triton a pu être repéré ainsi que des lucanes cerf-volants au vol lourd. Le retour au camp se fait à la tombée de la nuit.
Observation à la mare de la platière
Un minuscule triton
Malgré le choix d’un site retiré de la forêt, les sons portent loin la nuit et, outre les avions, une fête post-déconfinement rejouant les vieux standards des années 80-90 jusque tard dans la nuit est venue troubler l’assoupissement de certains d’entre nous. Quelques difficultés avec les hamacs et l’arrivée de la pluie en cours de nuit ont finalement conduit à un sommeil (ou une veille!) inégalement reposant pour les uns ou les autres. Après un petit déjeuner frugal, c’est porteurs d’un matériel humide que nous rentrons aux voitures.
Petit-déjeuner après une nuit plus ou moins reposante…
Pour la sortie de fin de saison 2020-2021, le choix de l’AINVO s’est porté sur une journée dans la vallée du Cygne vers Moret-sur-Loing puis à la plaine de Sorques. Nous étions 8 membres de l’association à herboriser et observer en cette agréable journée printanière presqu’estivale.
Ophrys bourdon
Orchis bouc et homme pendu
Orchis pyramidale
Orchis boucs et hommes pendus
Orchis pyramidale et orchis bouc
L’AINVO au milieu des orchidées
Les pelouses des coteaux de la vallée du Cygne se sont révélées richement dotées en orchidées : beaucoup d’orchis pyramidales, et d’orchis bouc accompagnées d’hommes pendus. Les ophrys abeille étaient également fort bien représentées mais un seul pied d’oprhys bourdon a été repéré. Parmi de nombreuses autres plantes tels des gaillets et des épiaires, notons la présence de très beaux chlores perforés en fleurs.
Thomise Napoléon ‘araignée crabe)
Ascalaphe
Du côté animal, de nombreux ascalaphes, névroptères peu communs dans la région, batifolent dans le coteaux. Deux vipères péliades ont également pu être observées.
Vipère péliade
Les étangs du fond de vallée n’accueillent ce jour que peu d’espèces aquatiques : les bernaches du Canada sont bien présentes ainsi que quelques foulques macroules, grèbes huppés et canards colvert mais seules deux sternes pierregarin sont là.
Sterne pierregarin
Canard chipeau
Observatoire principal de la plaine de Sorques
Après la pause déjeuner, nous reprenons les voitures pour une poignée de kilomètres afin de nous rendre à la plaine de Sorques. De l’observatoire principal, nous pouvons admirer quelques vanneaux huppés et canards chipeaux. Le second observatoire donne sur un dortoir à cormarans servant également de héronnière.
Le sentier longe le calme cours du Loing et, en cette agréable journée, baigneurs et familles venues pique-niquer au bord de l’eau sont plus nombreux que les naturalistes à fréquenter la réserve naturelle…
C’est le printemps et, avec le retour des beaux jours, les oiseaux se mettent en quête de nids où ils pourront mettre au monde leur descendance. Les sittelles torchepots (Sitta europaea) ont une nidification cavernicole, ce qui signifie qu’elles ne construisent pas de nid à proprement parler mais s’installent dans des anfractuosités naturelles « prêtes à l’emploi ». Encore faut-il pour les sittelles les aménager à leur goût et selon leurs besoins. C’est ce que j’observe en ce début du printemps dans le parc de la mairie de Saint-Germain-lès-Arpajon.
L’oiseau maçon
La sittelle apporte le matériau de construction : boue des rives de l’Orge
Le couple de sittelles est visiblement déjà formé (l’espèce est réputée monogame à vie) et, sans souci de discrétion, le mâle claironne des séries de « tuut » à intervalles réguliers. Leur sonorité m’interpelle car elle est assez éloignée des « huit huit huit » flûtés par lesquels ces oiseaux se signalent le plus souvent.
Ceux-ci ont jeté leur dévolu sur un trou de platane. Bien exposé, à plus de 4 mètres de hauteur, il n’est qu’à quelques coups d’ailes du bord de l’Orge. Les berges boueuses de la rivière fournissent justement le matériau de construction dont les nouveaux occupants ont besoin. En effet, si le trou du platane leur a convenu, l’emménagement n’en nécessite pas moins quelques travaux préliminaires. C’est en le maçonnant avec de la boue que les sittelles adaptent leur futur logis. Difficile de se faire une idée de leur décoration d’intérieur mais l’objectif est plus clair en ce qui concerne l’entrée du nid : son diamètre doit être calibré juste à leur taille. Une fois la boue séchée, elle constituera une maçonnerie solide susceptible de barrer l’accès à d’éventuels concurrents ou prédateurs plus volumineux. C’est cette habitude qui a valu à la sittelle son qualificatif de « torchepot » qui serait dérivé du « torchis » (mélange de boue et de fibres végétales).
Maçonnerie de sittelle torchepot : un nid de pic dans un cormier a été réaménagé pour en réduire l’orifice d’accès
Répartition des tâches
En fait, si les deux partenaires sont bien présents, un seul va chercher le matériau de construction et s’occuper des travaux pendant que l’autre surveille plus ou moins distraitement l’entrée depuis une branche voisine. Personnellement, je ne parviens pas à distinguer mâles et femelles chez cette espèce, même si les secondes sont réputées plus ternes que les premiers. D’après des sources fiables, c’est certainement la femelle qui s’active, l’individu qui monte la garde doit donc être le mâle.
le mâle surveille les alentours
pendant que la femelle travaille
Une rude concurrence
Les sittelles ne sont pas les seuls oiseaux germinois à nidification cavernicole : les étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) s’intéressent de longue date à ce type d’habitat et, depuis plus récemment, les perruches à collier (Psittacula krameri) affichent une prédilection marquée pour les platanes (que les visiteurs des parcs et jardins d’Île-de-France constateront aisément), arbres particulièrement propices à la formation d’anfractuosités favorables à la nidification. L’accès à ces sites de ponte privilégiés peut donc se révéler conflictuel, différentes espèces en venant à se harceler mutuellement en vue de s’établir dans le meilleur territoire.
un étourneau surveille d’un œil intéressé
mais les perruches à collier ne sont pas loin non plus
L’étourneau de la photographie surveille les travaux et, profitant d’un abandon de poste du mâle, viendra même inspecter le trou en cours d’aménagement. On comprend mieux les précautions des sittelles et leur mise en place d’un « blindage » d’accès au nid… Leurs efforts ont payé : quelques jours plus tard, c’est toujours le même couple qui occupe les lieux.
Quelques jours plus tard, les sittelles sont bien installées…
A quand les premiers oisillons ?
La sittelle évacue le sac fécal d’un oisillon, un petit au moins est né.
Quelques semaines s’écoulent… aucun petit n’a encore pointé le bout de son bec à l’entrée du nid et aucun bruit n’indique le nombre des ses éventuels occupants. Néanmoins, ce 14 mai 2021, la sittelle émerge de l’orifice avec un petit paquet blanc et flasque dans le bec : il s’agit d’un « sac fécal » c’est-à-dire des fientes emballées qu’excrètent les oisillons des passereaux. Ainsi mises en sachet, elles peuvent être évacuées du nid pour en maintenir la propreté et emmenées au loin pour ne pas réveler sa position à d’éventuels prédateurs terrestres passant à son aplomb. Un ou plusieurs petits sont donc bien nés !
celle d’une rencontre surprise durant le confinement du printemps dernier… repas en famille dans le jardin… bruits de frottements entendus…
Localisés dans la cabane de jardin où il y avait une bâche bleue… on la sort et …famille au complet, la mère et quatre petits !
On a voulu leur offrir une maison puisqu’on les avait dérangés dans celle-ci sans le vouloir…
mais elle ne leur a pas plu, la famille a déménagé durant la nuit…
Brétigny-sur-Orge, 2020.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie et les habitudes du hérisson et apprendre comment leur construire un abri pour l’hiver, la lecture du numéro 77 de l’excellente revue naturaliste La Hulotte est chaudement recommandée. (Disponible en prêt dans la bibliothèque de l’AINVO)