28-03-2021 Les sittelles emménagent !

Le 28 mars 2021, dans le parc de la mairie de Saint-Germain-lès-Arpajon.

sittelle torchepot
Sittelle torchepot à l’entrée de son futur nid

Des nicheurs cavernicoles

C’est le printemps et, avec le retour des beaux jours, les oiseaux se mettent en quête de nids où ils pourront mettre au monde leur descendance. Les sittelles torchepots (Sitta europaea) ont une nidification cavernicole, ce qui signifie qu’elles ne construisent pas de nid à proprement parler mais s’installent dans des anfractuosités naturelles “prêtes à l’emploi”. Encore faut-il pour les sittelles les aménager à leur goût et selon leurs besoins. C’est ce que j’observe en ce début du printemps dans le parc de la mairie de Saint-Germain-lès-Arpajon.

L’oiseau maçon

sittelle torchepot
La sittelle apporte le matériau de construction : boue des rives de l’Orge

Le couple de sittelles est visiblement déjà formé (l’espèce est réputée monogame à vie) et, sans souci de discrétion, le mâle claironne des séries de “tuut” à intervalles réguliers. Leur sonorité m’interpelle car elle est assez éloignée des “huit huit huit” flûtés par lesquels ces oiseaux se signalent le plus souvent.

Ceux-ci ont jeté leur dévolu sur un trou de platane. Bien exposé, à plus de 4 mètres de hauteur, il n’est qu’à quelques coups d’ailes du bord de l’Orge. Les berges boueuses de la rivière fournissent justement le matériau de construction dont les nouveaux occupants ont besoin. En effet, si le trou du platane leur a convenu, l’emménagement n’en nécessite pas moins quelques travaux préliminaires. C’est en le maçonnant avec de la boue que les sittelles adaptent leur futur logis. Difficile de se faire une idée de leur décoration d’intérieur mais l’objectif est plus clair en ce qui concerne l’entrée du nid : son diamètre doit être calibré juste à leur taille. Une fois la boue séchée, elle constituera une maçonnerie solide susceptible de barrer l’accès à d’éventuels concurrents ou prédateurs plus volumineux. C’est cette habitude qui a valu à la sittelle son qualificatif de “torchepot” qui serait dérivé du “torchis” (mélange de boue et de fibres végétales).

nid de sittelle dans un trou de pic
Maçonnerie de sittelle torchepot : un nid de pic dans un cormier a été réaménagé pour en réduire l’orifice d’accès

Répartition des tâches

En fait, si les deux partenaires sont bien présents, un seul va chercher le matériau de construction et s’occuper des travaux pendant que l’autre surveille plus ou moins distraitement l’entrée depuis une branche voisine. Personnellement, je ne parviens pas à distinguer mâles et femelles chez cette espèce, même si les secondes sont réputées plus ternes que les premiers. D’après des sources fiables, c’est certainement la femelle qui s’active, l’individu qui monte la garde doit donc être le mâle.

Une rude concurrence

Les sittelles ne sont pas les seuls oiseaux germinois à nidification cavernicole : les étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) s’intéressent de longue date à ce type d’habitat et, depuis plus récemment, les perruches à collier (Psittacula krameri) affichent une prédilection marquée pour les platanes (que les visiteurs des parcs et jardins d’Île-de-France constateront aisément), arbres particulièrement propices à la formation d’anfractuosités favorables à la nidification. L’accès à ces sites de ponte privilégiés peut donc se révéler conflictuel, différentes espèces en venant à se harceler mutuellement en vue de s’établir dans le meilleur territoire.

L’étourneau de la photographie surveille les travaux et, profitant d’un abandon de poste du mâle, viendra même inspecter le trou en cours d’aménagement. On comprend mieux les précautions des sittelles et leur mise en place d’un “blindage” d’accès au nid… Leurs efforts ont payé : quelques jours plus tard, c’est toujours le même couple qui occupe les lieux.

sittelles torchepot
Quelques jours plus tard, les sittelles sont bien installées…

A quand les premiers oisillons ?


sac fécal de sittelle
La sittelle évacue le sac fécal d’un oisillon, un petit au moins est né.

Quelques semaines s’écoulent… aucun petit n’a encore pointé le bout de son bec à l’entrée du nid et aucun bruit n’indique le nombre des ses éventuels occupants. Néanmoins, ce 14 mai 2021, la sittelle émerge de l’orifice avec un petit paquet blanc et flasque dans le bec : il s’agit d’un “sac fécal” c’est-à-dire des fientes emballées qu’excrètent les oisillons des passereaux. Ainsi mises en sachet, elles peuvent être évacuées du nid pour en maintenir la propreté et emmenées au loin pour ne pas réveler sa position à d’éventuels prédateurs terrestres passant à son aplomb. Un ou plusieurs petits sont donc bien nés !