Ravitaillement en vol : le moro-sphinx

moro-sphinx en vol
Le moro-sphinx déploie sa trompe en vue de se ravitailler dans les fleurs d’une vipérine.

A la différence de la majorité des papillons, le moro-sphinx (macroglossum stellatarum), également désigné comme sphinx-colibri, ne prend pas le temps de se poser sur les pétales des fleurs pour les butiner. Il contrôle chacune de ses 4 ailes indépendamment ce qui lui assure une grande manœuvrabilité en vol. Ceci lui permet de se maintenir devant les corolles, malgré le vent et les balancements des fleurs, et d’accéder à leur nectar en déployant simplement sa longue trompe et en l’introduisant dans la fleur jusqu’au liquide sucré. Sa trompe est aussi longue que son corps, environ 25mm, ce qui lui a valu son nom latin de macroglossum (‘grande langue‘). En vol, il la replie sous le menton de sorte qu’elle n’est plus visible. Mais à l’approche de sa nourriture, il commence à la dérouler puis la déploie en une paille coudée pour pomper le nectar.

Les moro-sphinx photographiés dans cette page visitent méthodiquement les différents étages de pieds de vipérine. Les fleurs regroupées de ces plantes permettent au papillon d’économiser de l’énergie et de gagner du temps entre deux ravitaillements pour pouvoir visiter un maximum de corolles. Détail curieux, il semble que les jeunes individus aient une prédilection pour les fleurs bleues; cette préférence devient moins marquée avec l’âge et le papillon visite alors des fleurs de couleurs plus variées. Les images illustrent le déploiement de la trompe à l’arrivée vers la corolle et le ravitaillement en vol stationnaire. Les ailes battent à une fréquence élevée, de l’ordre 75 battements par seconde, de sorte qu’elles deviennent indiscernables à l’œil nu. Ici, malgré l’utilisation du flash, elles conservent un aspect vaporeux et mal défini.


Un autre sphinx est également photographié ici qui fréquente les mêmes vipérines. Son envergure de 40 à 45mm est similaire à celle du sphinx-colibri. Il s’agit du sphinx-gazé (hemaris fuciformis). Celui-ci se distingue du moro-sphinx par 2 caractéristiques visibles : il arbore une large ceinture pourpre et ses ailes sont transparentes. En effet, à la différence des moro-sphinx dont les ailes sont opaques, le sphinx-gazé perd les écailles qui les recouvrent lors de son premier envol pour ne conserver qu’un liseré coloré en bordure.


Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie et les habitudes du sphinx colibri, la lecture du numéro 86 de l’excellente revue naturaliste La Hulotte est chaudement recommandée. (Disponibles en prêt dans la bibliothèque de l’AINVO)